Lundi 15 mars 2010 : rentrée... dans l'ordre des choses

Ces deux dernières semaines, le temps semblait s'être arrêté...

Occupés à déblayer les décombres, à vider les maisons endommagées, démolir les immeubles qui étaient encore debout mais en mauvais état, les chiliens n'ont pourtant pas chômé ! Deux jours après le tremblement de terre, on avait à nouveau eau, électricité et internet à la maison! A la télé, on a beaucoup parlé des vols et pillages qui avaient suivis la catastrophe mais ce que nous avons pu constater, au contraire c'est , certes un certain fatalisme (ils sont prêts à reconstruire la maison, au même endroit, tout en sachant qu'il y a un grand risque pour qu'elle soit à nouveau emportée par un tsunami dans 25 ans!), mais aussi une grande solidarité et beaucoup d'énergie positive ! On voyait des stands se monter pour réunir des produits de première nécessité pour les gens qui avaient tout perdu, des 4x4 et des camions chargés circulaient un peu partout, arborant le drapeau chilien et des slogans positifs ("Force Chili" "Le Chili aide le Chili" "On peut le faire!"...). La radio de Curico était le point de rendez-vous de tous ceux qui souhaitaient aider. Le but : que tous retrouvent une vie normale le plus rapidement possible ! Les liens se sont resserrés entre les personnes : on a tous vécu la même chose (en plus ou moins pire) et ça nous rapproche. Certains voisins, que l'on ne connaissait pas jusqu'alors ont été très présents pendant ce fameux week-end !


Nous, on n’a pas vraiment réussi à se rendre utiles comme on aurait voulu : nous sommes allés proposer nos services pour distribuer de la nourriture ou déblayer des décombres mais on nous a invités à rentrer chez nous car l’armée se chargeait de tout. Ensuite, on a voulu donner notre sang : pas moyen car l’hôpital de Curico est par terre et n'est donc pas habilité à recevoir les dons. On nous a dit que de toute manière, il n’y en avait pas besoin car il n’y eu que très peu de blessés… Les seules choses qu’on a réussi à faire c’est donner de la nourriture et aller chez une collègue dont la maison s’est écroulée et l’aider à déblayer et à organiser ses affaires.

Il n'est pas facile d'aller se promener dans le centre ville : les rues y sont de plus en plus vides, les décombres laissent la place au vide… Le couvre-feu est encore en vigueur : de minuit à 6h, les militaires armés installent leurs barrages aux quatre coins de la ville et ils ne rigolent pas vraiment... On a même failli dormir chez Christian (mon directeur) avec les parents de Miguel !


Ambiance bizarre, tendue, tout le monde sur le qui vive en cas de réplique (tous les jours il y en a plusieurs) ou de nouveaux tremblements de terre (il y a encore eu deux jeudi dernier de 7,2 et 7). On ne peut pas vraiment se rassurer en se disant que c'est totalement fini et que la Terre ne tremblera plus...Le point positif c'est que les parents de Miguel sont venus passer 15 jours avec nous, où ils n'ont pas pu visiter ce qui était prévu, mais où ils nous ont apporté le soutien moral dont on avait besoin. On a été chouchoutés pendant deux semaines : bons petits plats espagnols, réparations de ce qui avait été cassé dans la maison, restos... Ça nous a fait beaucoup de bien ! Ils ont quand même pu visiter Santiago et Valparaiso avec Miguel quatre jours avant de repartir.

Enfin, lundi, c'était la rentrée des classes (avec 15 jours seulement de retard). Ça s'est beaucoup mieux passé que ce que l'on craignait : mes élèves étaient tous là (20/20, malgré une coupure d’électricité la veille qui avait plongé les ¾ du Chili dans l’obscurité !), la plupart des enfants sont calmes et avaient envie de reprendre l’école. En fait, ça dépend de comment ils ont vécu le tremblement de terre : ceux qui étaient au bord de la mer ou dont la maison s’est écroulée vont mettre plus de temps à assimiler ce qui s’est passé... J'ai quand même l'impression qu'ils ont moins conscience des faits que les adultes. Ils n’en parlent déjà presque plus, on a repris un rythme normal, ils jouent , rient et bavardent (un peu trop même !). Seule différence: on s’entraîne à se mettre sous la table, puis à sortir dans la cour. Après, espérons qu’il n’y ait pas de répliques ou d’autres tremblements de terre pendant la classe…Maintenant, on attend la visite des amis et du cousin de Miguel lundi prochain donc je crois que Miguel va se reconvertir en guide touristique... Il organise, planifie, est très occupé et cela lui va très bien !

Reconstruction
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