27 et 28 février 2010 : Tremblement de terre - Terremoto

Voici à nouveau l'article sur le tremblement de terre, que nous avions retiré pour terminer de raconter notre voyage. Nous ne voulions pas mettre de photos car cela nous faisait beaucoup de peine et nous n'osions pas en prendre. Cependant, avec du recul, et étant donné qu'on nous en a beaucoup demandé, nous en avons quand même mis quelques unes...

Après deux jours d'angoisse et de stress, j'ai enfin retrouvé Miguel qui était parti depuis lundi pour une rando de 9 jours et dont je n'avais aucune nouvelle... Vendredi, vers 3h30 du matin, j'étais en train de dormir quand tout s'est mis à bouger et un bruit pas possible résonnait dans toute la maison... Je suis restée figée dans mon lit, sachant qu'au Chili il y a des tremblements de terre même si je n'en avais jamais vécu de ma vie... J'ai attendu. Ça n'en finissait jamais. Je me suis levée, j'ai commencé à sortir de la chambre en me tenant aux murs et là, l'armoire est tombée devant moi. Je ne savais pas quoi faire. Ça n'en finissait pas trembler et le bruit était horrible, tout valsait dans la maison...

Finalement, petit à petit, ça s'est calmé, les voisins ont commencé à sortir dans la rue mais comme j'étais seule je n'ai pas osé sortir, pensant qu'un fou pouvait passer, qu'un poteau pouvait tomber... J'ai cherché la lampe torche et je suis retournée dans mon lit avec un livre pour me calmer. Les répliques continuaient : d'un seul coup, c'était reparti mais ça s'arrêtait plus vite... Je pensais que c'était rien, que ce n'était qu'à Curico et que c'était un tremblement de terre normal comme me l'avaient décrit les chiliens.
J'ai réussi à me rendormir jusqu'à 9h, heure où Anne ma collègue a débarqué chez moi, apeurée car elle savait que j'étais toute seule. Elle m'a expliqué que c'était énorme : que tout était tombé, qu'il y avait des morts dans la moitié du Chili... et que c'était passé à la télé à l'étranger !

Alors j'ai commencé à essayer de donner des nouvelles : j'ai pris mon vélo et je suis partie à la recherche d'un "locutorio" (pour téléphoner à l'étranger). Tout était fermé et plus j'avançais vers le centre, plus les dégâts étaient impressionnants : maisons détruites, rues inaccessibles, poteaux électriques à terre... A chaque coin de rue, des dégâts comme on n'en voit qu'à la télé ! Pas moyen de joindre la famille, aucune liste pour communiquer aux ambassades...
Je pensais à Miguel et tout le monde me disait que dans la Cordillère, il n'y avait pas eu de dégâts mais le fait de ne pas savoir était horrible et je ne savais pas quoi faire...

La journée n'en finissait jamais, je pédalais d'un endroit à l'autre au milieu des décombres sans aucun résultat, ni pour joindre les familles, ni pour avoir des nouvelles de Miguel... Finalement, j'ai réussi à trouver un endroit avec Internet à la radio de Curico où il y avait un générateur, j'ai filé cherché l'ordi et j'ai pu mettre la web cam pour voir ma famille et celle de Miguel, mortes d'inquiétude. Tout ça pour leur dire que je ne savais rien de Miguel... Après, il restait peu de temps avant le cessez-le-feu, je suis passée chez les pompiers pour signaler la présence de Miguel dans la Cordillère et je suis partie chez Anne pour passer la nuit. Je voulais pas rester toute seule dans la maison la nuit.


Le lendemain matin, rebelote : pompiers pour savoir s'ils avaient des nouvelles, puis je suis allée chez Manolo et Sandra (nos propriétaires) pour voir s'ils pouvaient m'amener à Molina, la ville où Miguel devait arriver... A Molina, aucune nouvelle et pas moyen d'accéder à la zone de montagne où se trouvait Miguel. Retour sur Curico bredouilles. A nouveau, tentatives pour communiquer avec les familles mais cette fois-ci pas moyen d'accéder à Internet, nulle part. J'ai fini par aller chez une collègue qui était censée avoir Internet mais ce n'était pas le cas. Il fallait attendre... mais attendre c'était le pire...


Au moment où une autre collègue, grâce à des contacts, était en train d'organiser un survol en hélicoptère pour essayer de trouver Miguel, mon téléphone a sonné : "Miguel Chile". Miguel était en train d'arriver à Curico, dans une demi-heure il serait à la maison !!! Fin de l'angoisse et du stress...
Miguel, lui aussi a eu peur car il était au pied d'un volcan pendant le tremblement de terre et ils ont cru que c'était le volcan qui entrait en éruption... Après, grâce à la radio, ils ont compris et sont descendus le plus vite possible. Pour la première fois qu'on se séparait depuis notre arrivée au Chili... Ça nous apprendra ! Maintenant, on reste ensemble !

A la maison, on a juste un placard et l'évier de la salle de bain qui sont cassés. Comme quoi, c'était vrai qu'elle était anti-sismique et heureusement ! Notre rue et notre quartier sont intacts. On a à nouveau eau, électricité et internet. Dans le centre de Curico, c'est la désolation. Les maisons les plus anciennes sont toutes à terre et il faut démolir certains des immeubles récents. L'hôpital a dû être évacué et il y a eu un grand nombre de morts (on n'arrive pas encore à savoir le nombre exact). Nos amis vont bien mais les histoires de chacun sont à couper le souffle... Tous les endroits qu'on connaissait, surtout près de la côte, ont été détruits et il faudra des années pour reconstruire.


A l'école, pas de trop de dégâts à priori, on devrait reprendre lundi prochain avec les enfants mais il continue à y avoir des répliques et il va y avoir pendant 6 mois environs. A chaque fois, c'est le stress qui recommence : chacun se prépare à sortir ou à se réfugier sous la table (maintenant j'ai compris et je sais ce qu'il faut faire si ça recommence).

Enfin, avant que les choses rentrent dans l'ordre, il va falloir des semaines et des semaines... Nous, on va essayer de voir ce qu'on peut faire pour aider...Les parents de Miguel qui devaient arriver mercredi devraient venir quand même (à Santiago, les passerelles de l'aéroport ont été détruites mais les vols reprennent petit à petit). Après toutes ces émotions, ce dont tu as envie c'est d'être avec ta famille...
On pense bien à vous tous et on vous remercie pour vos messages. Bisous et à bientôt sur Internet.


Tremblement de terre
6 Responses
  1. Anónimo Says:

    Nous aussi on s'est fait du soucis dès qu'on a su. J'ai rappelé Auré ce midi pour savoir si elle avait des nouvelles... Heureusement elles étaient bonnes! We stressant car en France il y a eu une cinquantaine de morts à cause d'une tempête et de digues qui ont lâché le long des côtes de l'Atlantique. et comme toute ma famille est à Bordeaux et Soulac... C'est pas passé loin (c'était en charente et vendée) mais tout le monde va. J'imagine que pour vous là bas, séparés, ça devrait être affreux! Des bisous et à bientot j'espère ;-) Ioan


  2. All Says:

    Increible relato, como siempre la realidad supera a la ficción. No puedo dejar de imaginar el el agobio la asfixia e incertidumbre de los momentos. Por no hablar de como debe ser eso de dormir en un volcan y pensar que esta entrando en erupción!! En cualquier caso estais bien que es lo que cuenta, un abrazo muy grande.


  3. Anónimo Says:

    Nous pensons bien à vous et à tous les malheureux touchés par ce drame.
    Très heureux de vous savoir indemne.
    Bisous
    Flo,Fred, Mathilde et Constance


  4. Anónimo Says:

    Je suis venue voir si je pouvais avoir de tes nouvelles sur ce blog et, heureusement, elles sont bonnes. J'ai évidemment pensé à toi dès que j'ai vu les images aux infos... Par chance, votre maison est restée debout et vous allez bien.
    J'espère que la vie au Chili continue à te plaire, si l'on met de côté ce terrible tremblement de terre.
    Je t'embrasse.
    Marion (Soulac)


  5. Anónimo Says:

    Aurillac le 4 mars 2010

    Nous sommes allés voir sur votre blog pour avoir des nouvelles, nous sommes contents de savoir que vous êtes en bonne santé et que vous avez échappé à ce terrible tremblement de terre. Nous pensons bien à vous, nous suivons votre aventure avec beaucoup d'intérêt, votre blog est super et vos photos magnifiques.
    Bisous Laurence et Jean-Luc


  6. Anónimo Says:

    Nous sommes contents d'avoir de tes nouvelles car nous étions inquiets après l'annonce du tremblement de terre au Chili. Nous suivons à travers ton blog ton aventure chilienne, c'est tès intéressant, tes photos sont très belles, nous découvrons le pays avec toi.
    Nous t'embrassons
    Laurence et Jean Luc Chastan d'Aurillac


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