7 et 8 février 2010 : Carretera Austral de Chaiten à Coyhaique

C'est à ce moment là que notre voyage a soudain pris un nouveau virage : la "Carretera Austral" (route australe) version Pékin Express !!!
Après une traversée de nuit sur les sièges du ferry, nous avons accosté de bon matin dans la petite ville de Chaitén, qui n'est plus que l'ombre de ce qu'elle était depuis l'éruption du volcan portant le même nom en 2008. Les pluies de cendres et les inondations ont en effet entraîné le départ de la plus grande partie des habitants vers Chiloé. Chaitén donne donc un peu l'image d'une ville fantôme...

Ceux qui sont super au point avec les fonctionnalités du blog et ont réussi à traduire l'article de Miguel sur Chiloé, savent déjà que nous avons eu des difficultés à prendre le ferry pour passer de Quellon à Chaitén. Finalement, celui que nous avons pris été programmé pour arriver le samedi mais fut reporté d'un jour en raison du mauvais temps. Nous sommes donc arrivés un dimanche matin au port de Chaitén... Ce petit détail n'avait aucune importance jusqu'à ce que nous descendions du ferry et que nous découvrions que le dimanche, il n'y a aucun bus qui parcoure la "Carretera Austral". Pas question d'attendre à Chaitén toute une journée : le temps restant avant de prendre notre avion à Punta Arenas était compté et les choses qui restaient à voir infinies !!!! 
A la sortie du ferry, nous avons donc entrepris de faire du stop, ce qui ne s'est pas avéré du tout facile car les voitures qui passaient étaient essentiellement celles qui descendaient du ferry et étaient toutes chargées, et en plus, nous n'étions pas les seuls à avoir la même idée : tous ceux qui avaient traversé à pied faisaient de même !!!!! Les plus stratégiques, avaient anticipé le problème et cherché une voiture pendant la traversée... Nous avons finalement trouvé un chauffeur local qui nous a amené à la sortie de la ville et qui nous raconta avec émotion l'histoire de la ville et de ses habitants qui ne veulent pas l'abandonner, malgré toutes les mesures prises par les autorités. 

Nous nous sommes alors retrouvés sur la mythique "carretera austral" : 1240 km dont une grande majorité de piste à travers forêts humides, glaciers, rivières, cascades... Très peu de voitures car la route est mauvaise et longue, de nombreux cyclistes en quête d'aventure. Miguel aurait voulu sauter sur un vélo pour en faire de même mais je l'en ai empêché !
Après plus d'une heure, nous étions toujours à la sortie de la ville et nous avions dû voir passer 5 ou 6 voitures... Lorsqu'enfin une voiture s'arrêta, un groupe de 4 personnes qui était arrivé depuis peu et s'était installé devant nous, en profita... Nous avons finalement réussi à négocier pour monter avec eux à l'arrière du pick-up. Nous étions serrés (ou plutôt écrasés) au milieu des personnes et des sacs à dos, il faisait froid et il pleuviotait mais cela nous a quand même permis de faire 80 kilomètres jusqu'à un croisement  (Villa Santa Lucia) où il ne passait pas plus de voitures, où il ne faisait pas plus beau mais où il y avait un abri.
Encore plus d'une heure d'attente... Pas de voiture... Nous lisons les messages gravés à l'intérieur de notre abri : "Ça fait 3 jours que nous attendons, pas une voiture ne passe..." Nous nous voyions déjà planter la tente pour passer la nuit quand enfin une voiture s'arrêta : un couple de suisses allemands qui avaient remarqué que j'avais la même marque de pantalon qu'eux !!!! Sauvés, nous avançons encore un peu jusqu'à la station service d'un petit village, La Junta, où nous rencontrons un couple faisant la route dans l'autre sens et à vélo. Suite à une panne de vélo, ils étaient coincés là depuis 3 jours à attendre une voiture assez grande pour les emmener avec leurs deux vélos jusqu'au réparateur le plus proche... Toujours pas gagné pour nous, encore moins pour eux !

C'est alors que sont apparus nos sauveurs : un jeune couple de Rancagua (lui, travaille à la mine de Sewell que nous avons justement visitée) qui nous a amenés à leurs côtés presque jusqu'à Coyhaique, notre objectif de la journée. En leur compagnie, nous avons visité le glacier Ventisquero Colgante (magnifique!!),  et  découvert par la fenêtre de la voiture une végétation exubérante, des paysages époustouflants par l'absence de toute présence humaine à des kilomètres. Nous avons passé de très bons moments dans la voiture malgré le mauvais état de la route en discutant et en écoutant de la musique... Merci beaucoup à nos deux sauveurs !!! Plus que quelques kilomètres (en bus cette fois) et nous avions rejoint Coyhaique, la ville la plus grande de la "carretera austral". 420 km de stop en une journée !!! Pékin Express n' a qu'à bien se tenir !!!

Après une très bonne nuit réparatrice dans un petit hostal de Coyhaique, nous reprîmes la route vers le sud. Nous aurions voulu descendre davantage du côté chilien pour traverser le Lac General Carrera en bateau. Cependant, il aurait fallu réserver à l'avance les traversées, ce que nous n'avions bien évidemment pas fait...  Du coup, il nous a semblé que la meilleure option qui s'offrait à nous était de traverser la frontière et de passer en Argentine par le passage frontière de "Los Huemules". Nous nous disions qu'une fois en Argentine, la route serait meilleure et nous trouverions des bus descendant vers le sud. Nous reprîmes le stop à la sortie de Coyhaique pour rejoindre la frontière et......... nous vîmes s'arrêter nos sauveurs de la veille qui avaient décidé de prolonger leur promenade !!!! Décidément, nous étions liés à eux !!! Ils nous déposèrent en chemin, dans un endroit tellement venté que nous avions du mal à avancer. Heureusement, peu de temps après, nous avons trouvé une autre voiture qui nous déposa à l'aéroport à deux kilomètres de la frontière. Nous terminâmes donc la route à pied et passâmes la frontière, qui se situait entre l'aéroport côté chilien et un grand désert aride côté argentin... A perte de vue : de la terre et de la poussière. De temps en temps un camion arrivait pour passer au Chili mais dans l'autre sens, personne ne semblait vouloir s'aventurer en Argentine... Nous vîmes même plusieurs voitures arriver, nous redonnant subitement le moral, et ...faire demi-tour ! Nous étions coincés sur cette terre n'appartenant à personne. Aucun bus bien évidemment et personne. Les gardes frontières ne se montraient pas vraiment optimistes...Avions-nous pris une mauvaise décision en voulant passer en Argentine par ici ?

Carretera austral
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